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L’EXPÉDITION À BOTANY BAY, Watkin Tench

23 octobre 2020 - 18:30 - École de médecine navale
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intervenante
Isabelle Merle - Historienne, chercheuse CNRS

L’Expédition à Botany Bay de Watkin Tench est publié dans son intégralité pour la première fois en France par les Éd. Anacharsis (2020, traduction de F. Cotton).

 Dans sa conférence, Isabelle Merle, qui a rédigé la préface de cette édition, montrera en quoi l’Expédition à Botany Bay engage un questionnement sur les découvertes du monde austral, la colonisation dans son ensemble, mais aussi sur les questions pénales.

Cet ouvrage est considéré comme un texte fondateur pour l’Australie. D’une plume alerte et du style sobre et direct de celui qui se veut « témoin transparent » – à l’image de ses illustres prédécesseurs Cook ou Bougainville – Watkin Tench, jeune capitaine de la Royal Navy britannique, consigne le voyage de la “Première flotte” vers l’autre bout du monde, en 1787.

L’expédition que lance la Royal Navy britannique, en 1787, est sans précédent. Onze navires de la First Fleet avec à leur bord une communauté de près de mille personnes – dont la majorité sont des condamné(e)s de droit commun – font voile vers Botany Bay, en Australie, une terre à peine reconnue quelques années plus tôt par le capitaine Cook.

La flotte y parvient en 1788, et fonde aussitôt à Port Jackson, qui deviendra Sydney, une colonie pénale sur un territoire encore vide d’hommes blancs. Ces premiers colons vont rester en Australie pratiquement sans nouvelles du monde extérieur jusqu’en 1792.

L’installation à Botany Bay, l’instauration de la Loi et l’Ordre de l’Empire britannique sur cette terre inexplorée des Occidentaux et les premiers contacts avec les Aborigènes sont ici racontés avec parfois un certain humour.

C’est ainsi que l’on assiste à la naissance de l’Australie, dans le quotidien de ces hommes, femmes et enfants, marins, soldats, officiers et convicts travaillant à construire bâtisses, champs, redoutes, fortifications et prisons, sous la coupe d’une discipline de fer et dans l’angoisse du sentiment d’un isolement absolu – malgré la visite inattendue des navires de La Pérouse, que les officiers de la First Fleet seront les derniers à voir vivant, et qui recueillirent son journal.

L’époque est également celle des Lumières et Watkin Tench, qui s’en réclame, donne aussi à lire la découverte d’un pays nouveau, sa faune, sa flore et ses premiers habitants, avec qui – le premier moment d’étrangeté passé – se nouent des liens fondés alternativement sur la curiosité, la bonne volonté, la peur, les quiproquos et, finalement, l’hostilité. D’emblée, tous les paradoxes et tous les ingrédients contradictoires qui sous-tendent encore aujourd’hui l’Australie contemporaine sont réunis.

Mais le récit de Watkin Tench porte au-delà en mettant en évidence les motivations implicites de cette expédition. En effet, la First Fleet instaurait ici les bases de la colonisation pénitentiaire de grande envergure, qui allait connaître au siècle suivant une immense fortune, et notamment dans les nouveaux territoires français.