Malama Tagata les Hommes Torches
Production : Archipel Production, Grand Angle Productions
Documentaire / Wallis & Futuna / 52 min / 2019
Sélection Festival International du Film documentaire Océanien 2019 : Hors compétition 2020
8 octobre 2021 - 16:15 - Palais des congrès
Intervenant
Jacques Navarro - Rovira
A propos du film
Nous sommes à Uvea (île Wallis) au XVIe siècle… Un accouchement royal est proche. Il doit être éclairé par des torches humaines. C’est de cette terrible légende que les élèves de 4ème option patrimoine du collège de Lano à Wallis adaptent avec leurs professeurs une comédie musicale comme si leurs vies en dépendaient. Car c’est leur Culture qu’ils veulent sauver de l’oubli et leur Culture c’est leur vie… En marge de la préparation du spectacle, le film dévoile une tranche de vie de cette communauté wallisienne et raconte la chronique de leurs doutes, mais surtout de leurs espoirs… Le film sera présenté par Jacques NAVARRO-ROVIRA
Interview de Jacques NAVARRO – ROVIRA
Auteur-Réalisateur du film Comment vient-on à réaliser un film à Wallis et Futuna ? Ayant été primé au FIFO 2018, j’ai été invité par Wallis et Futuna la 1ère au FIFO hors les murs de Wallis au mois de mai de la même année.
Rapidement WF la 1ère m’a demandé de rencontrer les protagonistes d’un spectacle culturel qui se préparait pour le mois de septembre 2018, pour savoir si en faire un documentaire de 52 mn pouvait m’intéresser. Après les avoir rencontrés et été séduit par leur engagement pour la sauvegarde de la culture Wallisienne, j’ai décidé de faire un film sur cette expérience.
Quelle est l’intention du film ?
Par ce film, nous voulons témoigner de l’indéfectible lien de ce peuple Wallisien avec sa culture puissante et de sa volonté de la faire vivre encore et à jamais, tels Pelenato et Clémentine, qui veulent devenir comédiens, un peu pour le « fun », mais aussi et surtout pour mettre en scène et continuer le combat pour leur culture… David et Goliath… mais les protagonistes de cette histoire, qu’ils soient jeunes ou moins jeunes, y croient et personne ne pourra leur enlever cet espoir, voué ou non à l’échec. Le film montrera cela et sera, en ce sens, un allié objectif de l’espoir…
Qu’est ce qui vous a le plus marqué ?
La grande simplicité et l’extrême gentillesse de tous les Wallisiens que j’ai pu rencontrer, la très bonne entente avec mes techniciens locaux, qu’ils soient de WF la 1ère ou autres, l’engagement des protagonistes du film et notamment les élèves de 4ème option patrimoine du collège de Lano et leur volonté de « bien faire » ce que je pouvais leur demander, la richesse de la culture Wallisienne et enfin la très très grande beauté des paysages de Wallis, de son lagon et de ses îlots.
Une anecdote de tournage ?
Lors de la répétition de la séquence de l’accouchement de la princesse Ohopulu interprétée par Clémentine, sous un préau du collège de Lano, l’un des professeurs coachant les élèves les bouscule un peu pour qu’ils se mettent en place plus rapidement et quelqu’un s’exclame : « Oui, il faut se dépêcher sinon on aura jamais fini et en plus Clémentine va bientôt accoucher ! » Éclat de rire général et en mon for intérieur, je me suis dis que ça fera une très bonne séquence pour le film… Ce qui fut le cas.
Interview de Hapakuke Pierre Leleivai
Personnage du film, Professeur au collège de Lano et metteur en scène de la pièce
Que raconte la légende des hommes torches ?
La légende des hommes torches raconte le sacrifice de guerriers tongiens pour éclairer l’accouchement de Ohopulu, la fille du chef Kalafilia, chef de Uvea (Wallis). C’est le jeune tongien Taimalelagi qui, pour honorer la requête du chef Kalafilia, son beau père, ordonne leur décapitation. La mort de ses meilleurs guerriers permet la naissance d’une vie : celle de Alokua’ulu Malamataga.
Pourquoi avoir choisi cette légende pour l’adapter avec vos élèves ?
C’est l’une des légendes les plus emblématiques de l’île de Uvea en ce qu’elle relate une histoire qui a réellement eu lieu. Ainsi l’adaptation était toute trouvée pour les élèves. Jouer leur propre histoire. L’histoire mêle amour, destin, espérance, naissance, mort. Autant de sentiments enrobant le dilemme qui met à mal le héros Taimalelagi.
Comment ont-ils vécu cette expérience ?
Jouer leur patrimoine a été pour eux un moment intense et riche en émotions. Apprendre les textes, les jouer et les représenter sur scène en français puis en wallisien devant le public a été pour eux un réel défi. Ce challenge ils l’ont relevé à l’envi de réussir et de rendre vivant leur patrimoine, et surtout de le partager aux autres.
Interview de Gérard Guillaume
Directeur Régional de Wallis et Futuna la 1ère
Pourquoi avoir choisi de soutenir ce film ?
Le plus important dans notre démarche était d’inverser le regard documentaire. Que ce ne soit plus l’extérieur qui nous observe, mais nous qui nous montrions aux autres.
Beaucoup de productions qui viennent sur le territoire tombent dans le piège des clichés et racontent la même chose en étant
persuadés d’être les premiers à le faire. Tout est parti du projet de spectacle de fin d’année de la classe patrimoine du collège de Lano, emmenée par leur professeur Hapa. Lors du premier rendez-vous, le directeur des antennes et moi-même étions séduits par la détermination de cette classe à mettre en avant la culture et l’histoire du pays. C’est cette authenticité non « folklorisée » qui nous a convaincus.
Quel est l’enjeu de ce documentaire pour votre chaine ? Comment a t’il été accueilli à Wallis ?
L’enjeu était de démontrer que nous pouvions mettre en place une production locale avec un porte regard professionnel en la personne du réalisateur Jacques Navarro-Rovira. Notre choix s’est porté sur lui car nous avions apprécié un documentaire primé lors d’un FIFO précédent et qui était aussi le making-off raconté avec une belle sensibilité d’un spectacle d’enfants handicapés à Tahiti, Alors on danse . Il restait à le convaincre. Nous l’avons invité à notre FIFO Hors les Murs et sa rencontre avec les élèves a fait le reste. Un an après, jour pour jour, le temps fort du FIFO Hors les murs suivant a été la projection du film en avant-première dans une salle comble, en présence des élèves et des professeurs. Les retours étaient au-delà de nos espérances. C’est cette expérience de master-class qui nous positionne en acteur de la cohésion du territoire : aller à la rencontre de notre public en montrant des images de nous-mêmes.
Est-ce complexe de faire exister Wallis et Futuna dans la paysage audiovisuel mondial ?
L’économie du documentaire est déjà complexe. Une petite structure comme Wallis et Futuna la 1ère est parvenue à monter ce projet grâce à la coopération des télévisions du Pacifique et du réseau Outre-mer 1ère. C’est cette solidarité qui nous motive et qui nous permettra de poursuivre ce travail important pour faire rayonner notre culture qui ne se résume pas aux belles plages. Comme le dit Wallès KOTRA, cofondateur du FIFO (Festival International du film Océanien), nos pays ne sont pas que des paysages, ce sont aussi des femmes et des hommes.